Alors que la pénurie de logements frappe durement le canton, la construction d’un quartier d’envergure dans la campagne genevoise vient de démarrer pour offrir à la population pas moins de 551 appartements.
Si l’on compare bien souvent le développement d’un quartier à un jeu de Tetris géant ou à des pièces de puzzle qu’il s’agit d’assembler malgré des bords tantôt ronds, tantôt lisses, celui de Cynara s’apparente à un défi de poupées russes à superposer. Puisqu’il s’agit en réalité d’un mégaprojet nommé «Cherpines», situé à cheval sur les communes genevoises de Plan-les-Ouates et de Confignon, dont le déclassement pour ériger les 3700 logements prévus a été donné en 2011 par votation populaire. En son sein, «le Rolliet» constitue une première étape d’urbanisation, avec 1000 logements programmés, fruit d’un partenariat public-privé avec le canton, la commune et les acteurs privés, parmi lesquels on retrouvera cinq îlots résidentiels, représentant à eux seuls «le projet Cynara».
Une première pierre du projet a été posée le 1er avril dernier
Vous l’aurez compris, concevoir 551 appartements, au cœur du quartier du Rolliet, n’a pas été une mince affaire. C’est depuis 2003, date des première esquisses, que le projet du quartier du Rolliet a été lancé. Développé par BRICKS, à travers l’entité SDCI Constructions Investissements, c’est le 1er avril dernier que la première pierre de Cynara a été posée à Plan-les-Ouates, au milieu d’un champ où poussait autrefois le célèbre cardon genevois (d’où le nom tiré de ces plantes vivaces).
C’est donc dans ce paysage naturel entouré d’une zone industrielle d’un côté, la zone sportive et pavillonnaire de l’autre, que 458 appartements de location et 93 PPE vont être réalisés par BRICKS. Pour marquer le coup et se positionner en tant que laboratoire de la ville du futur, le développeur de Cynara a souhaité se montrer innovant. «Véritable ville du quart d’heure où emploi, commerces, services, pôle de santé et activités seront accessibles à pied, Cynara proposera 3000 m2 d’activités dédiés à la vie de quartier sur les 5500 m2 prévus dans le PLQ Rolliet. Et ce, en plus des 600 m2 de locaux communs, des potagers collectifs et des toitures partagés dédiés exclusivement aux habitants», décrit José Gonzalez, directeur de BRICKS et représentant de SDCI Constructions Investissements.
Cynara offrira à terme 458 appartements à la location et 93 PPE
En ce qui concerne la mobilité du quartier, le but sera d’inciter les résidents à limiter l’utilisation de leur voiture individuelle. «Habiter ici, ce sera faire le choix de transports responsables à l’aube d’une ère post-carbone. Autrement dit, à l’échelle du quartier du Rolliet, nous créerons, avec l’ensemble des maîtres d’ouvrage et la Commune, une centrale de mobilité avec des vélos partagés et du covoiturage (entre autres). De même, trois emplacements par logement seront attribués au Rolliet. Sur Cynara, une partie des places sera située dans une vélo station de 400 places, spécialement aménagée pour l’occasion», ce qui permettra de dégager les surfaces des rez-de-chaussée des immeubles pour accueillir les activités dédiées à la vie de quartier poursuit José Gonzalez.
Mutualisées, les infrastructures consacrées aux véhicules motorisés seront par ailleurs attribuées aux habitants selon le profil familial de chacun. En tenant compte par exemple de la distance à parcourir entre le domicile et le travail, du nombre d’enfants ou du handicap. Une façon de procéder peu courante mais résolument tournée vers l’avenir. Toujours dans un esprit de durabilité et d’initiative avant-gardiste, «la commune de Plan-les-Ouates a mis sur pied une pépinière en plantant à l’avance plus de 800 arbres qui seront ensuite répartis dans le futur quartier du Rolliet, avec déjà dans leurs racines le goût de leur terre et de leur environnement», souligne le maire de Plan-les-Ouates, Xavier Magnin. Une fois concrétisé, le projet Cynara espère également obtenir les certificats de qualités énergétiques Minergie-P, le standard THPE ou encore SNBS-Quartier. Dans tous les cas, 90 logements seront labellisés LEA pour leur confort de vie supérieur, ergonomique et sans obstacles.
Néanmoins, les 551 appartements dotés d’espaces généreux et de balcons de 2,5 mètres de profondeur, restent pour l’heure rien de plus que des maquettes 3D. C’est pourquoi, grues, pelleteuses et ouvriers s’activent depuis le début du mois pour concrétiser aujourd’hui ces plans pensés hier pour des habitants de demain… «Un projet d’urbanisation comme celui-ci est un marathon. Les réflexions se déroulent sur des décennies et la gestion simultanée des nombreux chantiers va être un défi en soi. Cependant, une première construction (celle de l’école primaire qui ouvrira ses portes à la rentrée 2026) nous permet de nous projeter dans ce quartier d’avenir», relève, Xavier Magnin.
Une temporalité étalée sur des années donc qui apportera une respiration salutaire au marché immobilier genevois et qui fera sûrement appel d’air dans ce nouveau bout de ville, ancienne terre fertile et désormais chef de file, pour des générations à la recherche d’une autre philosophie de vie.